Ponta do Sol est un petit village de pêcheurs,
c'est aussi le centre administratif de l’île de Santo Antão.
On y trouve le centre notarial, le tribunal, la prison…
Le gros bâtiment (Hôtel de ville?) est le siège de la Camara Municipal
de Ribeira Grande, responsable du conselho (District) du même nom.
Autrefois, Vila da Ribeira Grande était la capitale de l’île.
Cela explique pourquoi elle regroupe tous les services administratifs centraux dont, son hôpital, la Police, la circulation et autres services publics…
1928, est l'année de la partition de l'île en deux Conselhos avec la création de celui de Paul.
Puis en 1960, création du 3è Conselho, Porto Novo.
De ces temps passés, il reste des constructions coloniales d’état Portugaises qui tentent de survivre.
Certaines ont déjà disparu, d’autres sont en sursis ou tronquées, se délabrent...
Dans le cas où elles assurent une fonction notable, (Tribunal, Camara, école…)
elles sont entretenues ou même restaurées.
Les immeubles privés, d’architectures exceptionnelles, typiques ou tout au moins remarquables, témoins d’un riche passé, sont autant en sursis.
L’état de Cabo Verde, ses représentants locaux, pas forcément convaincus de la diversité de cette richesse patrimoniale et de sa fonction touristique majeure, n’ayant pas les moyens financiers à la hauteur de ces défis, ne peuvent pas agir suffisamment pour obtenir la protection, la conservation, la transmission aux générations futures de ce patrimoine…
Le village de Ponta do Sol
La naissance du bourg est notamment liée à l'extinction de la fonction maritime de Ribeira Grande.
En effet, jusqu'au milieu du 19è, la baie de Ribeira Grande permettait aux navires de jeter l'ancre et d'échanger des marchandises avec les commerçants de cette ville.
Les sédiments apportés par les deux rivières confluant à Vila da Ribeira Grande ont peu à peu annulé la baie...
Les échanges entre São Vicente et Santo Antão se sont trouvés naturellement réportés sur Ponta do Sol qui présente toutes les caractéristiques nécessaires.
Le premier âge d’or de notre cité portuaire se situe entre la fin du 18è siècle et la première moitié du 20è.
Le plateau de Ponta do Sol, cap prolongé d'un récif immergé (du Portugais "Ponta"), a d'abord été un hameau de pêcheurs, puis, a pris le statut de port de commerce de Santo Antão.
Il fallait voir les cohortes d’ânes et de mules parcourir les chemins de pierres, apporter les produits de toutes les zones vertes de cette face de Santo Antão et y remporter les produits manufacturés revendus à Ponta do Sol.
C’est grâce à ces échanges très importants que des fortunes se sont bâties dans les zones de productions mais surtout dans cette base portuaire.
Evidemment, les navires de fort tonnage n’entraient pas dans le port minuscule de "Boca de Pistola".
Ce nom de "Bouche du pistolet", vient du bruit que fait la houle qui y entre sans difficulté et qui vient frapper la roche dans un grand tir de pistolet.
Le titre de port est un peu exagéré. Il s'agit simplement d'un quai aménagé dans une magnifique jetée de pierres et d'un plan incliné sur laquelle les barques sont tirées.
La baie de Ponta do Sol, cachée derrière son long récif, ses fonds raisonnables, est, bien que fort inconfortable et venté, un abri naturel sûr.
C'est là que les navires jetaient l’ancre à faible distance de la côte et, si la houle n’était pas trop forte, échangeaient les marchandises au moyen des barques dont les pêcheurs se transformaient pour l’occasion en dockers.
La crise économique insulaire qui est née avec la seconde guerre mondiale a vu toutes les activités de l'archipel réduites à la survie.
Grâce à la construction d’une levada (canal d'irrigation) en 1947, (comme ce fut développé à partir de cette période, et jusqu'à très récemment, dans toute l'île) Ponta do Sol est devenu une zone cultivée très active et a permis de limiter sa dépendance.
Le bâtiment des douanes
Il est encore présent, face au port.
Il n’a hélas, plus de fonction particulière.
(NDRL) Son usage en magasin de souvenirs me semble une atteinte à la dignité de sa fonction originelle.
À la place de la gigantesque ruine moderne, visible depuis Google Earth et Cruzinha, dont personne ne connaît ni l’objectif ni la date de fin des travaux, (dont TOUS mes visiteurs touristes s'inquiètent et s'insurgent et me questionnent...)
s’élevait une maison privée.
Une architecture remarquable, probablement de la même époque que la maison Commerciale Ben X, car bien que incomparablement plus petite, était réalisée selon les mêmes caractéristiques charpentières… Début 20è ?
Photo 2004
Photo 2006
De nombreuses maisons, plus ou moins modestes, s’élèvent encore le long des larges avenues du village.
La maison bourgeoise Ben X
Sur un fronton de porte on devine encore
sa date de construction : 1915
Particularités architecturales
On peut voir un bâtiment principal, originel et des annexes postérieures.
Les dimensions du rez de chaussée le destinent à l'évidence à des fins d'un stockage et d'un commerce important.
L'étage supérieur, comme le veut la tradition coloniale au Cap Vert, est celui du Donho : d'immenses appartements privés.
Une énorme salle centrale au premier étage, ouverte sur un long balcon qui trône dans l'avenue principale, situé non loin de l'hôtel de ville et de sa place, indique que le propiétaire était devenu un notable de haut niveau.
Les annexes surajoutées que l'on observe à gauche et à droite de l'élément basique, ont probablement été construites postérieurement, pris sur les espaces maraichers et de jardin originaux.
Si des volumes de stockage (commerciaux) de cette taille ont été aménagées postérieurement, c'est donc que l'activité a largement dépassé les prévisions...
On observe une grosse annexe, séparée à l'origine, dont les fonctions de service sont révélées par la cheminée qui la surmonte : la cuisine.
L'un des bâtiment surajoutés semble d'après 1950, car il est construit en ciment moderne. Son large portail permet l'accès à une voiture ou même un petit camion.
On peut y voir une trappe de visite à une citerne sous terraine privée (une rareté)
Une maisonette du même style, présentant des espaces indiquant une certaine indépendance, détruite depuis peu, était présente à l'autre extrémité du jardin.
Logement ou magasin annexe...
L'ensemble est construit avec des matériaux nobles, souvent importés, les pierres taillées, les menuiseries massives, des vitres teintées, une toiture de lames de bois exotiques...
Maison du président de la Camara
Magnifique maison bourgeoise,
inhabitée depuis seulement quelques années.
Son statut n’est pas bien clair :
Propriété de la Camara ?
Particularité architecturale
Le mur d'enceinte de cette propriété est encore partiellement en bon état de conservation.
On peut y observer la présence de meurtrières aménagées le long du chemin d'accès à la demeure.
Le Dispensaire
Bâtiment plus récent.
Il est un peu pompeux mais ses escaliers et son architecture est très représentative du Cap Vert "Pré Moderne".
Les ruelles et les placettes traditionnelles du village
Rua Cor de Rosa en 2010
Les édifices religieux
L'église catholique trône sur la place
La chapelle de Nossa Sinhora de Livramento se situe au sommet du village, juste à l'entrée de la piste qui mène au splendide vallon de Fontainhas et son village perché.
Le minuscule cimetière Juif est sur le chemin muletier qui monte entre le cimetière Chrétien et la piste de Fontainhas.
Il démontre combien cette communauté a marqué l'histoire coloniale Portugaise en général, celle du Cap Vert, celle de Santo Antão en particulier (Synagoga, Ribeira Grande, Paul...).
Souvenez-vous, la maison commerçante "Ben X"...
Beaucoup des armateurs, des grands commerçants et des banquiers du Portugal ancien (de l'Europe) étaient Juifs.
(NDRL) Une épouse de Mr Christophe Colomb était la fille d'un armateur Juif du Portugal : Et ensuite on vient nous raconter qu'il est parti vers l'ouest, uniquement armé d'une grosse conviction... Il n'aurait pas eu quelques infos sur "l'autre côté" avant de partir ?
En plus les Portugais ont raté leur coup. Son voyage a finalement été financé par la reine d'Espagne... Bananés les Portugais, obligés de partager le monde et le chocolat avec les Espagnols : Voir le "traité de Torre das ilhas"